Nuclear War – Chronique


Il fut une époque où il n’y avait ni d’études de marchés ni analystes au département communication qui pouvaient dicter aux programmeurs quels genres de jeux ils devaient réaliser,
Chacun était libre d’exprimer sa créativité car tout et tout restait à créer.
Cette période inventive donna naissance à des jeux « what the fuck » et autres concepts farfelus : Nuclear War fait partie de ceux-là ! Un véritable ovni vidéo ludique,
je n’en connais pas d’équivalent qui traite d’un sujet aussi sérieux avec autant de liberté et d’humour si ce n’est Nord et Sud dans une certaine mesure.
Réalisé en 1989 par l’équipe de New World Computing, qui réalisera la série Might and Magic sur 16 bits, et édité par US Gold (oui il existe un bon jeu édité par cette firme, miracle !),
le but du jeu sera d’anéantir tous vos adversaires à coup d’ogives sous le couvert de propagande douteuse afin d’être le dernier debout.


Utilisant comme trame de fond la guerre froide, vous devrez affronter quatre protagonistes sélectionnables sur dix personnages.
Le jeu reprend les vedettes politiques du moment avec des noms modifiés pour faire passer la pilule des droits à l’image, mais personne ne saura être dupe :
Ronnie Raygun, Infidel Castro, Jimi Farmer, Tricky Dick, Col Khadaffy, Kookamanie, Gorbachef, Ghanji, Mao the Pun, PM Satcher.
Je n’ai pas détecté de différence parmi les personnages si ce n’est que de donner au jeux un aspect comique et satirique ancrée dans le réel.


La map se divise en cinq pays imaginaires dont une île centrale qui sera votre territoire.
Je jeu se déroule au tour par tour où chaque joueur donnera l’ordre d’une action à entreprendre :


-Faire de la propagande afin de rallier les populations ennemies à sa cause et ainsi augmenter vos effectifs.
Il est important de ne pas négliger ce facteur car seul celui qui aura encore des civils sur son territoire gagnera le « match »
et surtout plus vous aurez de monde et plus il vous sera possible de fabriquer en grande quantité de l’armement.
A noter que si l’adversaire aura construit au tour d’avant un système anti propagande vous perdrez alors des habitants.


-Créer de l’armement dont le résultat ne sera disponible qu’au tour suivant, la création se faisant aléatoirement vous pourrez obtenir :
Des lanceurs missiles de 10, 20, 50 et 100 Mégatonnes, des ogives de 10, 20, 50 et 100 Mégatonnes et des bombardiers qui pourront larguer vos ogives.
Deux système de défense seront également disponibles, le LNDS un brouilleur qui stoppera les missiles et le MEGA un dispositif anti aérien qui interceptera les bombardiers ennemis.


-Déployer son armement dans la perspective d’attaquer son voisin.
Plus votre ogive sera puissance, plus elle fera des dégâts. Évidement il faudra que votre lanceur missile à usage unique corresponde.
Par exemple un lanceur de 20MT ne pourra pas transporter une ogive de 100MT. Par contre un bombardier de 100MT pourra contenir plusieurs ogives (50+20+20+10) et faire plusieurs passages sur le terrain.
Chaque attaque réduira le nombre de la population de la ville adverse, symbolisée par un changement d’aspect de la ville touchée.
Elle passera de classieux gratte-ciels à de petites maisons puis à une tente pour réfugiés pour finir en cratère.


La stratégie consistera à anticiper, si un adversaire déploie un bombardier il alors sera judicieux d’utiliser le Mega pour éviter l’holocauste.
L’ordinateur est très revanchard et il ne sera pas étonnant qu’il vous envoie sa cargaison de plutonium sur la gueule après un raid de votre part.
Le jeu reste imprévisible, les adversaires peuvent s’acharner sur vous d’un coup, un ennemi à l’agoni pourra vous balancer sa dernière bombe ultra puissante réduisant à néant tous vos plans funestes.
Quoi qu’il en soit ça sera toujours la même fin qui attendra les participants : l’éradication totale des populations et l’hiver thermonucléaire.
Les concepteurs ont ajouté l’intervention d’éléments perturbateurs qui pourront fausser les cartes et relancer la donne :
Des extra-terrestres belliqueux, un volcan qui raiera une de vos villes de la carte, la cigogne déposant des enfants donnant un avantage de population à l’un de vos adversaires…


Alors qu’est ce qui donne à Nuclear War son intérêt? Il est drôle tout simplement, telle une partie jeu de bataille navale on s’amusera à atomiser ses voisins en toute impunité,
de jouer à quitte ou double en cherchant à explorer toutes les possibilités offertes par l’originalité du soft.
Côté technique ça tient la route, les graphismes sont réussis, dessinés dans le style du magazine MAD pour accentuer le comique et une intro très soignée pour l’époque donne le ton du jeu.
Les animations sur la carte rendent ce petit monde très vivant, les personnages ont plusieurs expressions pour exprimer leurs humeurs.
Les bruitages très bien choisis soulignent chaque action ; il ne manque qu’une petite musique et l’ambiance aurait été parfaite.
On pourra regretter l’absence de niveau de difficulté qui aurait permis de donner au jeu une dimension progressive et une meilleure durée de vie.
Dommage que le jeu ne soit qu’en mode solo, un mode multi joueurs aurait fait de ce jeux un vrai hit.
L’interface n’est pas très intuitive et il vous faudra un temps d’adaptation pour comprendre toutes les arcanes du jeu afin de maîtriser les différentes phases de game play.
Bref il faudra s’accrocher un tout petit peu pour redécouvrir ce bijou réalisé par une équipe qui aura pu aller jusqu’au bout de leurs délires.


Nuclear War est un jeu simple et sans prétention qui vous fera passer un bon quart d’heure amusant, loin des war games habituels qui dévorent votre dimanche en un clin d’œil.
Pas long, pas prise de tête, du fun : qui a dit que l’on ne pouvait pas rigoler avec la guerre thermo nucléaire ?

Graphisme : 5/10
Son : 5/10
Game play : 6/10
Difficulté : Moyenne

Note Globale : 6/10

Edité par US Gold en 1990
Equipe de développement : New World Computing
Design : Eric Hyman, Jon Van Caneghem
Code: Eric Hyman
Graphismes : Avril Harrison

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